Titre : |
Les aliments magiques de la préhistoire à nos jours |
Type de document : |
Ouvrage |
Auteurs : |
Dominique Leglu, Auteur |
Editeur : |
Sciences et avenir |
Année de publication : |
2018 |
Importance : |
82 p. |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
ALCOOL ALIMENT ALIMENTATION ANTHROPOLOGIE BACTERIE COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DEGOUT DIETETIQUE ETHNOLOGIE HISTOIRE INTESTIN LAIT LIPIDE NUTRITION PHILOSOPHIE PHYTOTHERAPIE POLITIQUE REPRESENTATION DU CORPS RITUEL SEXUALITE SOCIOLOGIE SYSTEME IMMUNITAIRE TABOU VEGETARISME
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Résumé : |
Le pain, bien avant de devenir le corps du Christ, était chez les peuples antiques le symbole de la transformation, permettant d’atteindre des mondes supérieurs. Le sel, associé à la fraternité au Japon comme en Espagne, atteste depuis toujours la parole donnée, inaliénable. Dans la Genèse, le vin se fait messager du Créateur, tandis que le chocolat représente, pour les Mayas, un mets divin, aussi puissant que le sang des sacrifiés…
Il est des aliments qui sont plus que de la nourriture. Inscrits dans l’histoire de l’humanité, ils sont liés à ses récits, à ses mythes. Ce destin, ils le doivent souvent à leur place centrale dans l’alimentation. Mais ils signent aussi le passage de nos ancêtres à la civilisation, ce moment où ils ne se contentent plus de manger les produits de la chasse et de la cueillette mais commencent à les transformer, à les élaborer, à maîtriser des processus à leurs yeux surnaturels comme la fermentation. Dans L’Épopée de Gilgamesh, composée il y a 5 000 ans en Mésopotamie, c’est ainsi, en consommant du pain et de la bière, que le sauvage Enkidu devient Homme.
Manger n’est pas seulement une fonction biologique, explique le sociologue Claude Fischler (lire pp. 6-9). Il s’agit du contact le plus intime qui puisse exister : l’aliment devient part de votre propre substance, il vous transfère ses vertus et son pouvoir, la pensée magique opère de la façon la plus puissante. Ne dit-on pas à quelqu’un qui se montre particulièrement énergique : « Tu as mangé du lion aujourd’hui » ? C’est également sur cette logique de similitude que « fonctionnent » les aphrodisiaques, de l’exotique pénis de tigre à la champêtre asperge, censés donner un coup de fouet aux virilités défaillantes.
Parfois, cependant, des mets jusque-là parés de toutes les vertus changent de statut. La viande, super-aliment « adoré et abhorré », selon les mots de Claude Fischler, a toujours nourri notre mauvaise conscience, parce qu’elle implique la mise à mort de presque-semblables. Le lait, lui, connaît une trajectoire plus inattendue. Traditionnellement associé à la pureté et à l’enfance, aux mythes de création - pour les Peuls, c’est d’une goutte de lait qu’a jailli le monde -, le voici désormais regardé avec suspicion, traité d’empoisonneur ! Mais la virulence même des débats qu’il soulève n’est qu’une preuve supplémentaire de sa force symbolique.
Car le mangeur contemporain, quoi qu’il en pense, n’échappe pas à l’irrationnel. Il s’amuse des panacées extravagantes des hommes d’ailleurs ou d’autrefois. Mais voyez-le se jeter sur le dernier régime, le dernier alicament à la mode ! Oligo-éléments, guarana, curcuma, spiruline… Il se croit guidé par les préceptes de la science et de la nutrition, le voilà lui aussi envoûté par les sortilèges de la pensée magique ! Rêvant, peut-être, de métamorphoser son corps grâce à des aliments miraculeux.
(Sciences et Avenir - Hors-série N° 193) |
Cote : |
394.1 ali |
Permalink : |
https://pmb.pfps-churennes.bzh/pmb_ifsi/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id |
Les aliments magiques de la préhistoire à nos jours [Ouvrage] / Dominique Leglu, Auteur . - Sciences et avenir, 2018 . - 82 p. Langues : Français ( fre) Mots-clés : |
ALCOOL ALIMENT ALIMENTATION ANTHROPOLOGIE BACTERIE COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DEGOUT DIETETIQUE ETHNOLOGIE HISTOIRE INTESTIN LAIT LIPIDE NUTRITION PHILOSOPHIE PHYTOTHERAPIE POLITIQUE REPRESENTATION DU CORPS RITUEL SEXUALITE SOCIOLOGIE SYSTEME IMMUNITAIRE TABOU VEGETARISME
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Résumé : |
Le pain, bien avant de devenir le corps du Christ, était chez les peuples antiques le symbole de la transformation, permettant d’atteindre des mondes supérieurs. Le sel, associé à la fraternité au Japon comme en Espagne, atteste depuis toujours la parole donnée, inaliénable. Dans la Genèse, le vin se fait messager du Créateur, tandis que le chocolat représente, pour les Mayas, un mets divin, aussi puissant que le sang des sacrifiés…
Il est des aliments qui sont plus que de la nourriture. Inscrits dans l’histoire de l’humanité, ils sont liés à ses récits, à ses mythes. Ce destin, ils le doivent souvent à leur place centrale dans l’alimentation. Mais ils signent aussi le passage de nos ancêtres à la civilisation, ce moment où ils ne se contentent plus de manger les produits de la chasse et de la cueillette mais commencent à les transformer, à les élaborer, à maîtriser des processus à leurs yeux surnaturels comme la fermentation. Dans L’Épopée de Gilgamesh, composée il y a 5 000 ans en Mésopotamie, c’est ainsi, en consommant du pain et de la bière, que le sauvage Enkidu devient Homme.
Manger n’est pas seulement une fonction biologique, explique le sociologue Claude Fischler (lire pp. 6-9). Il s’agit du contact le plus intime qui puisse exister : l’aliment devient part de votre propre substance, il vous transfère ses vertus et son pouvoir, la pensée magique opère de la façon la plus puissante. Ne dit-on pas à quelqu’un qui se montre particulièrement énergique : « Tu as mangé du lion aujourd’hui » ? C’est également sur cette logique de similitude que « fonctionnent » les aphrodisiaques, de l’exotique pénis de tigre à la champêtre asperge, censés donner un coup de fouet aux virilités défaillantes.
Parfois, cependant, des mets jusque-là parés de toutes les vertus changent de statut. La viande, super-aliment « adoré et abhorré », selon les mots de Claude Fischler, a toujours nourri notre mauvaise conscience, parce qu’elle implique la mise à mort de presque-semblables. Le lait, lui, connaît une trajectoire plus inattendue. Traditionnellement associé à la pureté et à l’enfance, aux mythes de création - pour les Peuls, c’est d’une goutte de lait qu’a jailli le monde -, le voici désormais regardé avec suspicion, traité d’empoisonneur ! Mais la virulence même des débats qu’il soulève n’est qu’une preuve supplémentaire de sa force symbolique.
Car le mangeur contemporain, quoi qu’il en pense, n’échappe pas à l’irrationnel. Il s’amuse des panacées extravagantes des hommes d’ailleurs ou d’autrefois. Mais voyez-le se jeter sur le dernier régime, le dernier alicament à la mode ! Oligo-éléments, guarana, curcuma, spiruline… Il se croit guidé par les préceptes de la science et de la nutrition, le voilà lui aussi envoûté par les sortilèges de la pensée magique ! Rêvant, peut-être, de métamorphoser son corps grâce à des aliments miraculeux.
(Sciences et Avenir - Hors-série N° 193) |
Cote : |
394.1 ali |
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